La ligue 1 reprend ce week-end du 16, 17 et 18 août. Au rayon des nouveautés, le PSG devra composer sans Kylian Mbappé. La révélation de la saison passée, le messin George Mikautadze a rejoint l’Olympique lyonnais et l’OM de Roberto De Zerbi sera une attraction du cru 2024/2025.
Mais le changement le plus marquant est celui du diffuseur. Exit Amazon et Prime vidéo. DAZN a raflé in extremis la mise en déboursant 400 millions d’euros annuels en moyenne, pour les cinq prochaines saisons, après l’échec des appels d’offres de la Ligue de football professionnelle (LFP). La plateforme britannique diffusera huit des neuf matchs de chaque journée. BeIn sport, obtient le match du samedi 17 heures pour 100 millions d’euros par saison.
Qu’est-ce que DAZN ?
Attention à la prononciation. « Da Zone » et non « Dazeune », est une plateforme de streaming sportif, d’abord spécialisée dans les sports de combat. Surnommé le « Netflix du sport », DAZN est fondé en 2015 par le milliardaire britannique Léonard Blavatnik à la tête du groupe de médias sportifs Perform. L’intéressé est loin d’être un inconnu dans le digital : troisième fortune du Royaume-Uni il possède, au travers la société Acces Industries, des marques comme Warner music et Deezer.
Depuis son lancement, DAZN s’est largement exporté. D’abord en Europe (Autriche, Allemagne, Suisse), la plateforme est entrée dans les marchés des droits TV sportifs au Canada (2017), États-Unis (2018) avant de faire main basse sur les droits de diffusion de l’intégralité des matchs de la Série A italienne depuis 2018 puis de la Liga A espagnole l’année suivante. En Allemagne, la plateforme diffuse la Bundesliga en plus de la Ligue des champions.
Vers une invisibilisation de la L1 ?
Mais à la différence des pays européens, l’offre DAZN en France semble modeste. Pour suivre les huit matchs de ligue 1, les fans de foot devront souscrire à l’offre Unlimited (sans engagement 39,99 euros ou 29.99 euros par mois pendant 1 an). À ce prix, Ils bénéficieront aussi de la Ligue des championnes féminine, du basket (Betclic Elite) et des compétitions de sports de combat. À cela s’ajoute un abonnement à beIn sport de 15 euros par mois pour le match du samedi 17 heures. La chaîne Qatari, dont Canal + est le gestionnaire exclusif de la distribution, diffusera une semaine sur deux l’affiche phare du championnat. DAZN propose par ailleurs une offre à 14,99 euros par mois (avec engagement) ou 19,99 euros, incluant notamment un match par journée (une des rencontres du dimanche 17h).
« La logique de DAZN est sur le long terme. Aujourd’hui, pour 40 euros, le panier est très limité. Pour eux, leur catalogue doit s’étoffer dans les années à venir, mesure l’économiste du sport Pierre Rondeau. Cette acquisition dans le marché français se fait à perte, mais dans une optique de se positionner pour venir un équivalent de Spotify ou Netflix. »
À titre de comparaison, l’offre DAZN en Allemagne pour la formule prémium, qui comprend notamment la diffusion de la Série A, de la Ligue A, plus de la Bundesliga et la ligue des champions, est de 29,99 euros. En Espagne, il faut débourser 18,99 euros par mois pour la Ligue A et 39,99 euros pour l’offre complète (avec la F1, la Première League, la MotoGP).
Chez les fans de foot, ce nouveau diffuseur est loin de faire l’unanimité. « Le prix acceptable pour un fan de sport, pour une offre télévisuel payante, c’est 30 euros. Un boycott de DAZN s’organise pour protester contre les tarifs. En réaction, les amateurs de foot peuvent se tourner vers l’IPTV, le streaming, les bars, les radios… », poursuit l’économiste.
Les supporters ont de quoi se sentir floué. Jusque-là, l’ancien diffuseur Amazon proposait une formule à 99 euros par an, en plus d’un abonnement à Amazon prime. Deux autres matchs étaient diffusés sur Canal +. Pour cette nouvelle saison, les supporters des équipes engagées en coupe d’Europe devront souscrire un abonnement à Canal +, en plus des abonnements à DAZN et BeIn sport.
« Au Portugal, entre les différents diffuseurs, regarder du foot peut monter jusqu’à 67 € par mois. Le salaire moyen est de 1 440 euros. L’IPTV (piratage des droits TV au travers d’une application sur la télévision pour une cinquantaine d’euros par an, NDLR) est tellement implanté, voire institutionnalisé, que les clubs et la Ligue mènent la lutte depuis des années. En vain », relate le journaliste Nicolas Vilas, spécialiste du foot portugais. L’économiste Pierre Rondeau complète : « Mon opinion est que la LFP a choisi DAZN en exigeant ces garanties financières, tout en sachant que DAZN ne pourra jamais atteindre le 1,5 million d’abonnés. La Ligue 1 va être invisibilisée. »
Pour se prémunir du piratage, la LFP a obtenu du Président du Tribunal judiciaire de Paris le blocage « par les fournisseurs d’accès à internet français de l’accès à des sites de streaming en direct et à des services IPTV majeurs diffusant sans autorisation les championnats de Ligue 1 et de Ligue 2 ». Reste à voir son application. D’autant que l’exploitation annoncée de l’IPTV pourrait déréguler l’ensemble du marché des chaînes à péage.
Un scénario à la Médiapro peut-il se produire ?
Chez les décideurs du football, le fiasco Médiapro est dans les mémoires. Lors de la saison 2020-2021, et pour quatre ans, le groupe chino-ibérique avait obtenu les droits de la ligue 1 contre 850 millions annuels. Le succès de leurs chaînes Téléfoot (du nom de la célèbre émission de TF1) n’a pas été au rendez-vous. Moins de 500 000 abonnés ont souscrit à une offre dont la principale, 29,99 euros par mois, comprenait en plus de la ligue 1 des matchs de ligues de coupe d’Europe et un abonnement Netflix. Profitant de la légalisation Covid, Mediapro rend les droits de la ligue 1 en février 2021.
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« La Ligue 1 va être invisibilisée » : pourquoi DAZN, nouveau diffuseur du foot français, fait-il craindre un fiasco ?
L’opérateur britannique, présenté comme le « Netflix du sport », diffusera huit des neuf journées de Ligue 1 à compter de ce week-end. La santé financière de l’opérateur et sa grille tarifaire font craindre un fiasco, alors que sur les réseaux sociaux les appels au boycott s’organisent.
La ligue 1 reprend ce week-end du 16, 17 et 18 août. Au rayon des nouveautés, le PSG devra composer sans Kylian Mbappé. La révélation de la saison passée, le messin George Mikautadze a rejoint l’Olympique lyonnais et l’OM de Roberto De Zerbi sera une attraction du cru 2024/2025.
Mais le changement le plus marquant est celui du diffuseur. Exit Amazon et Prime vidéo. DAZN a raflé in extremis la mise en déboursant 400 millions d’euros annuels en moyenne, pour les cinq prochaines saisons, après l’échec des appels d’offres de la Ligue de football professionnelle (LFP). La plateforme britannique diffusera huit des neuf matchs de chaque journée. BeIn sport, obtient le match du samedi 17 heures pour 100 millions d’euros par saison.
Qu’est-ce que DAZN ?
Attention à la prononciation. « Da Zone » et non « Dazeune », est une plateforme de streaming sportif, d’abord spécialisée dans les sports de combat. Surnommé le « Netflix du sport », DAZN est fondé en 2015 par le milliardaire britannique Léonard Blavatnik à la tête du groupe de médias sportifs Perform. L’intéressé est loin d’être un inconnu dans le digital : troisième fortune du Royaume-Uni il possède, au travers la société Acces Industries, des marques comme Warner music et Deezer.
Depuis son lancement, DAZN s’est largement exporté. D’abord en Europe (Autriche, Allemagne, Suisse), la plateforme est entrée dans les marchés des droits TV sportifs au Canada (2017), États-Unis (2018) avant de faire main basse sur les droits de diffusion de l’intégralité des matchs de la Série A italienne depuis 2018 puis de la Liga A espagnole l’année suivante. En Allemagne, la plateforme diffuse la Bundesliga en plus de la Ligue des champions.
Vers une invisibilisation de la L1 ?
Mais à la différence des pays européens, l’offre DAZN en France semble modeste. Pour suivre les huit matchs de ligue 1, les fans de foot devront souscrire à l’offre Unlimited (sans engagement 39,99 euros ou 29.99 euros par mois pendant 1 an). À ce prix, Ils bénéficieront aussi de la Ligue des championnes féminine, du basket (Betclic Elite) et des compétitions de sports de combat. À cela s’ajoute un abonnement à beIn sport de 15 euros par mois pour le match du samedi 17 heures. La chaîne Qatari, dont Canal + est le gestionnaire exclusif de la distribution, diffusera une semaine sur deux l’affiche phare du championnat. DAZN propose par ailleurs une offre à 14,99 euros par mois (avec engagement) ou 19,99 euros, incluant notamment un match par journée (une des rencontres du dimanche 17h).
« La logique de DAZN est sur le long terme. Aujourd’hui, pour 40 euros, le panier est très limité. Pour eux, leur catalogue doit s’étoffer dans les années à venir, mesure l’économiste du sport Pierre Rondeau. Cette acquisition dans le marché français se fait à perte, mais dans une optique de se positionner pour venir un équivalent de Spotify ou Netflix. »
À titre de comparaison, l’offre DAZN en Allemagne pour la formule prémium, qui comprend notamment la diffusion de la Série A, de la Ligue A, plus de la Bundesliga et la ligue des champions, est de 29,99 euros. En Espagne, il faut débourser 18,99 euros par mois pour la Ligue A et 39,99 euros pour l’offre complète (avec la F1, la Première League, la MotoGP).
Chez les fans de foot, ce nouveau diffuseur est loin de faire l’unanimité. « Le prix acceptable pour un fan de sport, pour une offre télévisuel payante, c’est 30 euros. Un boycott de DAZN s’organise pour protester contre les tarifs. En réaction, les amateurs de foot peuvent se tourner vers l’IPTV, le streaming, les bars, les radios… », poursuit l’économiste.
Les supporters ont de quoi se sentir floué. Jusque-là, l’ancien diffuseur Amazon proposait une formule à 99 euros par an, en plus d’un abonnement à Amazon prime. Deux autres matchs étaient diffusés sur Canal +. Pour cette nouvelle saison, les supporters des équipes engagées en coupe d’Europe devront souscrire un abonnement à Canal +, en plus des abonnements à DAZN et BeIn sport.
« Au Portugal, entre les différents diffuseurs, regarder du foot peut monter jusqu’à 67 € par mois. Le salaire moyen est de 1 440 euros. L’IPTV (piratage des droits TV au travers d’une application sur la télévision pour une cinquantaine d’euros par an, NDLR) est tellement implanté, voire institutionnalisé, que les clubs et la Ligue mènent la lutte depuis des années. En vain », relate le journaliste Nicolas Vilas, spécialiste du foot portugais. L’économiste Pierre Rondeau complète : « Mon opinion est que la LFP a choisi DAZN en exigeant ces garanties financières, tout en sachant que DAZN ne pourra jamais atteindre le 1,5 million d’abonnés. La Ligue 1 va être invisibilisée. »
Pour se prémunir du piratage, la LFP a obtenu du Président du Tribunal judiciaire de Paris le blocage « par les fournisseurs d’accès à internet français de l’accès à des sites de streaming en direct et à des services IPTV majeurs diffusant sans autorisation les championnats de Ligue 1 et de Ligue 2 ». Reste à voir son application. D’autant que l’exploitation annoncée de l’IPTV pourrait déréguler l’ensemble du marché des chaînes à péage.
Un scénario à la Médiapro peut-il se produire ?
Chez les décideurs du football, le fiasco Médiapro est dans les mémoires. Lors de la saison 2020-2021, et pour quatre ans, le groupe chino-ibérique avait obtenu les droits de la ligue 1 contre 850 millions annuels. Le succès de leurs chaînes Téléfoot (du nom de la célèbre émission de TF1) n’a pas été au rendez-vous. Moins de 500 000 abonnés ont souscrit à une offre dont la principale, 29,99 euros par mois, comprenait en plus de la ligue 1 des matchs de ligues de coupe d’Europe et un abonnement Netflix. Profitant de la légalisation Covid, Mediapro rend les droits de la ligue 1 en février 2021.
De quoi imaginer un scénario similaire ? DAZN a accepté une clause de sortie après deux saisons s’ils n’atteignent pas 1,5 million d’abonnés. Plus du triple que Médiapro. « Qui voudra regarder du foot français dans deux ans ? Nous sortons des Jeux olympiques où les spectateurs se sont passionnés d’autres sports que le foot gratuitement. Il sera difficile de retourner des Angers Brest pour 40 euros. À terme, un rejet du foot français est envisageable », tance l’économiste. La LFP et Dazn font le pari risqués que l’ensemble des 1,4 million d’abonnés d’Amazon (chiffre de juin 2023) bascule vers le nouvel opérateur, tout en payant trois fois plus cher.
Au rayon des inquiétudes, le groupe DAZN compte 6 milliards de pertes cumulées entre 2019 et 2022. « Canal + s’est forgé une base de 8 millions d’abonnés en investissant à perte dans le foot français, tout en proposant du cinéma et des séries, mais en se débarrassant de toutes concurrences, notamment celle de TPS. Lorsque BeIn diffusait les droits de la ligue 1, c’est plus d’un milliard de pertes, malgré un gros portefeuille de droits, rappelle Pierre Rondeau. Le concept d’acheter un produit et de le rentabiliser par un nombre d’abonnement n’est pas applicable pour DAZN. Ce modèle court à sa fin. »
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