dimanche 18 août 2024

Mort de Louis Mermaz, figure de la gauche, à 92 ans

Ancien président de l’Assemblée nationale, ministre de François Mitterrand, dont il était l’un des premiers fidèles, et maire de Vienne, dans l’Isère, Louis Mermaz est mort. Il était le défenseur d’une « politique authentiquement socialiste » autour d’une fédération de la gauche.

La gauche perd l’une de ses figures. Ancien président de l’Assemblée nationale et ministre à plusieurs reprises de François Mitterrand, Louis Mermaz est mort à l’âge de 92 ans. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a salué la perte d’un « esprit vif [qui] nous accompagnait dans tous nos combats, jusque dans ces derniers jours, pendant la campagne des législatives ».

Son histoire se lit à l’aune d’une rencontre. Au printemps 1954, il fait la connaissance de François Mitterrand, qu’il retrouve deux ans plus tard dans les rangs de l’Union démocratique et socialiste de la résistance. C’est d’ailleurs sous cette étiquette que Louis Mermaz se présentera aux élections législatives dans l’Orne, en 1956, 1958 et 1962. Sans succès. En 1965, il prend à bras-le-corps l’animation de la campagne présidentielle de ce camarade de combat qu’il ne lâchera plus. Déjà à l’époque, Louis Mermaz milite pour une fédération de la gauche « capable d’engager le dialogue avec les communistes, sans le soutien desquels on ne peut faire une politique authentiquement socialiste ». Deux ans plus tard, il quitte l’Orne pour l’Isère où il se fera élire député, à 35 ans.

Artisan de l’union de la gauche

En 1971, Louis Mermaz rejoint le Parti socialiste à l’occasion du congrès d’Epinay où il défend, comme il le fera toujours, l’union de la gauche. Il déclare alors : « L’évolution du PS et l’union de la gauche sont une seule et même chose ». Responsable des fédérations, il s’emploie à tisser des liens avec toutes les composantes de la gauche, en particulier le Parti communiste. Sur le plan personnel, s’il est battu aux législatives de 1968 (bien qu’il obtiendra se revanche en 1973), il parviendra à se faire élire maire de Vienne en 1971 – fauteuil qu’il occupera jusqu’en 2001 et son entrée au Sénat – et président du Conseil général de l’Isère en 1976. En tant que parlementaire, il mènera de nombreux combats, notamment pour le droit d’asile.

Même si, selon lui, l’élection présidentielle est bien trop « monarchique », il accompagnera François Mitterrand jusqu’à sa conquête de l’Élysée, en 1981. Dans la foulée, le 2 juillet 1981, Louis Mermaz est élu président de l’Assemblée nationale. Dénonçant la réduction progressive des pouvoirs de l’Assemblée nationale ces dernières années, il affirme dans son premier discours vouloir « rendre au Parlement ses droits et sa dignité ».

Sous la présidence de François Mitterrand, il sera brièvement ministre de l’Équipement, entre mai et juin 1981, avant donc de rejoindre le palais Bourbon. Quelques années plus tard, il sera, en 1988, nommé ministre des Transports. En 1990, il est désigné ministre de l’Agriculture et de la Forêt, puis, en 1992, ministre des Relations avec le Parlement. Il aura également été, d’octobre 1992 à mars 1993, porte-parole du gouvernement.

Critique du socialisme converti au libéralisme

Tout au long de ces années, il n’a eu de cesse de rappeler les socialistes à leurs racines. Lors du congrès de Valence, en 1971, il appelle le « socialisme à la française » à ne pas « se contenter d’un replâtrage du capitalisme » et à « changer le système des valeurs » en mettant l’accent sur la justice sociale et la solidarité. « Il faut montrer que le socialisme, ça marche ! », lance-t-il alors. Sinon, dit-il en visionnaire, « on va dériver vers une vague social-démocratie et on débouchera sur un retour au libéralisme ».

Même s’il a soutenu les candidatures à l’élection présidentielle de Ségolène Royal en 2007 et de François Hollande en 2012, Louis Mermaz n’a jamais relâché ses critiques vis-à-vis d’un parti progressivement converti au libéralisme. Dans un entretien au Télégramme, en 2014, Louis Mermaz observe : « Les socialistes doivent avoir pour vision la substitution à l’ordre capitaliste actuel, d’un autre ordre mondial. Il faut inventer un nouveau système économique. Bien sûr, nous aurons toujours besoin d’un capital. Le capitalisme a apporté beaucoup de conquêtes depuis plusieurs siècles. Mais aujourd’hui plus que jamais, le capitalisme n’a pas pour vocation de nourrir l’humanité ou de donner du travail au plus grand nombre mais de faire du profit. Et celui qui, dans ce système infernal, ne se plie pas à cette loi d’airain, est écrasé par son voisin ».

Or, selon lui, notamment sous la présidence de François Hollande, le PS « ne s’en occupe pas du tout » : « On parle de régulation. C’est comme mettre du sel sur la queue d’un oiseau pour l’attraper. C’est cela qui fait le désespoir et la déshérence des nôtres ».

 

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