lundi 12 août 2024

Paris 2024 : « C’est magique pour eux », le Secours populaire offre des places pour assister aux Jo


 Lena et Sandra*, 13 ans, se prennent vite au jeu. Les deux amies, qui ne connaissaient rien des règles du saut d’obstacles avant de se rendre sur le site d’équitation de Versailles, se surprennent à stresser à chaque passage des cavaliers. L’une retient son souffle de peur qu’un cheval ne heurte une barre, l’autre balaye ses yeux de la piste jusqu’au chronomètre, pour vérifier que les compétiteurs terminent bien dans le temps imparti de 79 secondes.

« C’est impressionnant la hauteur à laquelle vont les chevaux pour passer les obstacles, en fait, c’est eux les athlètes », glisse Lena. Son frère, Karim, remarque, lui, les particularités de l’équitation : « Les femmes et les hommes participent à la même épreuve ? C’est vrai qu’il n’y a pas de raison… »

Tous les trois ont pu obtenir des places grâce au Secours populaire français (SPF). La mère de Karim et Lena y est bénévole deux jours par semaine pour la distribution alimentaire. « Ça aurait été compliqué de leur payer des billets, alors, avoir cette opportunité par le SPF, c’est génial. La semaine dernière, ils ont pu voir du foot, leur passion, et maintenant découvrir un autre sport, c’est parfait. »

« Un accès à la culture, à l’éducation populaire, au sport »

La famille s’installe en tribune non loin de la famille Benalla. Originaires d’Antony, les trois enfants âgés de 10 à 15 ans et leur mère sont régulièrement aidés par le SPF des Hauts-de-Seine, qui les a appelés quelques jours avant pour leur proposer cette journée olympique. « Les enfants ont sauté au plafond, c’était difficile de les faire dormir. C’est magique pour eux d’avoir cette opportunité-là, s’émeut la mère de famille. Ils regardent les Jeux à la télé mais, maintenant, ils les vivent en vrai. » « Cela s’inscrit totalement dans notre vocation qui est de permettre aux enfants de familles précaires d’avoir accès à la culture, à l’éducation populaire, au sport, explique Christian Causse, du bureau national du SPF. Ce que nous souhaitons, c’est que, derrière, cela se convertisse par la pratique. La prochaine étape, c’est l’objectif, d’ici la fin de l’année, de prendre en charge les coûts de 10 000 licences dans des associations sportives. »

Le Secours populaire a pu distribuer près de 5 000 billets, dont la moitié vient de la Billetterie solidaire de Paris 2024. Un dispositif censé permettre – via des dons de 2 euros réalisés par les acheteurs de tickets et des subventions de l’État – offrir 500 000 places à des « publics défavorisés ». C’était, en tout cas, l’annonce faite en février 2023 pour contrer la polémique sur les prix élevés des places. Ces invitations seraient captées en majorité par les collectivités tandis que, pour les associations, c’est le Secours populaire qui a été choisi comme bénéficiaire. Mais la promesse de 500 000 places, alors que le SPF en a reçu moins de 3 000, a-t-elle été tenue ? L’organisation de Paris 2024 n’a pas répondu aux sollicitations de l’Humanité. Un bilan devra être tiré.

« Y a des gens qui sont venus du Venezuela pour voir de l’équitation ? »

En attendant, à Versailles, les deux familles profitent des temps morts pour une promenade et une photo obligatoire devant le plan d’eau menant aux dorures du château. En tribune, au soleil, le passage des 73 cavaliers peut parfois paraître répétitif, alors les jeunes de Clichy et Antony improvisent des petits jeux. Comme deviner les origines des drapeaux qui s’agitent dans les tribunes. « Y a des gens qui sont venus du Venezuela pour voir de l’équitation ? », s’étonne, à l’occasion, Sandra, prouvant au passage ses bonnes connaissances en géographie.

Mais leur loisir favori doit attendre la fin de l’épreuve, lorsque les gradins se vident. Commence alors une chasse aux gobelets consignés, abandonnés par les spectateurs. Lena, Sandra et Karim sautent d’une rangée à l’autre pour agrandir leur pile de verres avant de filer aux buvettes officielles récupérer leur dû.

Les filles terminent premières ex aequo avec 22 euros récoltés (11 verres) chacune, mais Karim se satisfait de ses 10 euros. « On ne vole personne, ce serait dommage de ne pas en profiter », justifie ce dernier d’un air malicieux : « Une journée tout bénef ! »

* Les prénoms ont été modifiés

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